Réveillon 2003 au Gîte du Mazel ... Dehors les arbres, saupoudrés de givre, offrent leur spectacle de scintillements irisés, le froid se lit sur les feuilles tremblantes, le chemin verglacé luit comme une anguille figé dans les blancheurs cristallines de décembre.A travers le sifflement aigu de la bise, quelques échos de musique, des rythmes de basse étouffés, des mélopées lointaines, comme flottant dans l'air embrumé, parcourent la campagne déserte, répondant au ululement des chouettes et au chuintement des branches enneigées et tremblantes. En s'approchant d'un peu plus près, on discerne au loin un carré de lumière. Plus près encore, et c'est tout le contour de la baie vitrée qui apparaît, alors que la musique se fait plus forte et plus vibrante. A l'intérieur, furieuse et déchaînée, une flopée de jeunes Sorbérans, Sorbérannes, non Sorbérans et non Sorbérannes se déhanche, sourire aux lèvres, verre à la main, toasts foie gras et saumon à la bouche. C'est là que tout a commencé. C'est là que 2003 est devenu 2004. Une ancienne bergerie, aménagée et rénovée en un petit gîte douillet et confortable niché au cur d'un bled paumé Sembadel. Une soirée pour certains, et jusqu'à
quatre jours pour les plus téméraires. Quatre jours de folie
pure : brisage de nez sur le carrelage, mangeage de pâtes à
même le saladier, foutage de claques à tout va, testage des
" cent kilos " sur chaque lit habité, déclenchage
de l'alarme après flambouille intempestive, fissurage de cadre,
bousillage de chaises, gerbage après de trop brutaux coups de brosses
à dents. Le réveil fut terrible, nous les vîmes haletants,
épuisés, hagards, tendre leurs mains souillées vers
la chaleur enveloppante d'un feu de bois, tremper leur lèvres desséchées
dans la saveur transparente d'un gobelet d'eau fraîche ou dans l'âcre
et piquant arôme d'une bouteille de coca-cola, mouiller leurs corps
meurtris et ankylosés sous la brûlure ô combien bienfaitrice
d'un jet d'eau chaude puissant et salvateur. |
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